Trigger ou la Mécanique du Désir

NOTE D'INTENTION

« Une valise. Quels secrets peut-elle renfermer ? Cet objet m’évoque le départ, la transition, le changement, le quotidien. Fourre-tout renfermant d’innombrables objets personnels, intimes, superflus et parfois encombrants, la valise est ici la métaphore de la mise à nu. Qu’est-ce qui se cache derrière le mariage, le voile, la robe blanche et les bulles de champagne ? Dans une société où l’héritage social et culturel du patriarcat est encore lourd, la pression sociale nous enferme dans des codes du genre définissant le féminin et le masculin à deux antipodes où la rencontre paraît impossible. L’uniforme dru d’un côté, le blanc vaporeux, chaste et pur de l’autre. Par la déconstruction d’un mythe, d’une projection de soi, de l’autre, je questionne ici la notion de mémoire et d’inconscient collectif, en partant d’un récit intime mais universel. Cette mémoire, qui nous construit et nous apporte des repères, finit pourtant par nous encombrer en nous plaçant sous son emprise. Tout n’est question que de mécanique dans cette œuvre du « désir ignorant », où l’ « épanouissement cinétique [est] commandé par la mise à nu électrique »* De l’ère de l’électrique à l’ère du numérique, l’héritage de cette œuvre inexpliquée et complexe me renvoie à une critique de notre société moderne, qui ne perd pas de sa force ni de son ancrage, intemporel. »

* Marcel Duchamp, notes issues de la « boîte verte »

Auranne Brunet-Manquat